Histoire de la littérature d'enfance et de jeunesse
Les premiers écrits pour la jeunesse, comme ceux de Charles Perrault, ne leur étaient en fait pas réservés mais s'adressaient aux adultes autant qu'aux enfants. Le premier livre destiné à un enfant (le Dauphin) est Les aventures de Télémaque (1699) de Fénelon. C'est avec Jeanne Marie Leprince de Beaumont que sont écrits les premiers contes spécifiquement destinés à la jeunesse. À la même époque, le jeune public s'approprie les Gulliver, Don Quichotte et bien sûr Robinson Crusoé recommandé par Rousseau.
Au XIXe siècle apparaissent les libraires d'éducation (éditeurs). Louis Hachette, d'abord spécialisé dans les manuels scolaires, investit l'édition de loisir à partir de 1850. C'est le développement des voyages qui lui donne l'idée d'implanter des kiosques dans les gares, dans lesquels il vendra à partir de 1853 sept collections destinées aux voyageurs dont une seule, à couverture rose, durera, avec des auteurs tels que la comtesse de Ségur ou Zénaïde Fleuriot. Appelée par la suite La bibliothèque rose elle est depuis rénovée régulièrement et continue à connaître le succès.
En 1843, Jules Hetzel publie le Nouveau magasin des enfants. Puis, en 1864, de retour d'exil, il publie le Magasin d'éducation et de récréation destiné à la lecture en famillle. Le projet est de faire collaborer les savants, les écrivains et les illustrateurs dans le but de réconcilier la science et la fiction, de mettre l'imagination au service de la pédagogie. C'est une position difficile à tenir dans un climat positiviste, mais grâce à la rencontre avec Jules Verne, Hetzel réussit à imposer un nouveau genre.
Après 1870 on assiste à une multiplication des titres et des éditeurs, c'est l'époque des romans à succès de Paul Féval mais l'expansion est brève et laisse place à un déclin mal expliqué jusqu'en 1914. On accuse tantôt la rivalité des manuels devenus attractifs (en 1877 paraît Le Tour de la France par deux enfants), tantôt des facteurs économiques bien que dans le même temps l'édition adulte ne connaisse pas la même crise. Tantôt enfin, c'est la bicyclette qui est accusée de concurrencer la lecture dans les loisirs de la jeunesse: au sujet de celle-ci, certains disaient alors que cette activité futile vaporise sur les grandes routes l'intellect national ! Il semble que c'est l'avidité des éditeurs, plus pressé d'engranger des succès faciles que de s'engager dans une production de qualité, qui a peu à peu détourné les jeunes lecteurs.
A l'entre-deux-guerres, il faut signaler (en France) le Père Castor (Paul Faucher), Les Contes du chat perché de Marcel Aymé, Le Petit Prince de Saint-Exupéry et quelques livres de Jacques Prévert. Durant les années 70, François Ruy-Vidal avec l'aide d'Harlin Quist, aborde des thèmes qui étaient jusque-là réservés aux adultes et considère qu'"il n'y a pas de littérature pour enfants, il y a la littérature"; Françoise Dolto a fortement critiqué sa vision des choses.
A la fin du XXe siècle , avec une liberté plus grande pour les auteurs et les illustrateurs, dès le début des années 80 , une littérature humoristique a vu le jour avec les jeux de mots dePierre Elie Ferrier : le Prince de Motordu, ou encore Le Monstre Poilu dont l'insolence maîtrisée est très appréciée dans les écoles primaires et chez les Orthophonistes.A la même époque, pour amener les pré adolescents amateurs de jeux vidéo à se rapprocher du livre, on a vu fleurir une nouvelle variété de romans pour lecteurs-zappeurs : les livres dont vous êtes le héros dont la lecture s'apparentait à un jeu de piste. En majorité traduits de l'anglais, ces livres connurent un immense succès feu-de-paille pendant dix ans.
Depuis le début du XXIe siècle, on assiste à un regain d'intérêt pour la littérature de jeunesse, principalement sous l'effet des livres de la série Harry Potter. Cette série ayant redonné le goût de la lecture à certains enfants, d'autres auteurs ont vu les ventes de leurs livres augmenter. Mais aussi parce qu'il y a un essor du choix et de la créativité chez les nouveaux auteurs de jeunesse. La Corée s'impose comme un des principaux acteurs du marché grâce à la richesse et la diversité de ses illustrateurs. Les rapports annuels sur le taux d'illettrisme, (10%) en France , restent malgré tout désespérement identiques depuis plus de trente ans.
[modifier] Les albums de littérature de jeunesse
Depuis quelques années, les auteurs de littérature de jeunesse ont grandement accru et étoffé les rayons des librairies. En effet, on peut y trouver un choix et une créativité abondants. L'un des genres dans lequel s'épanouissent particulièrement les auteurs de jeunesse contemporains sont les albums illustrés que l'on peut trouver chez des éditeurs tels que L'École des Loisirs par exemple. Une véritable culture de l'album, tant dans les foyers qu'à l'école, est en train de se mettre en place. En effet, c'est là l'un des premiers objets culturels que l'enfant va pouvoir manipuler et même posséder dès son plus jeune âge. Certains enseignants utilisent même la littérature d'enfance et de jeunesse comme support à l'apprentissage de la lecture.
De plus, beaucoup d'éditeurs moins importants que l'Ecole des Loisirs proposent de magnifiques albums (textes poétiques et / ou symboliques, illustrations artistiques...) sur des thèmes variés et intéressants (la différence, la tolérance, la mort...). Quelques-uns de ces éditeurs : Editions Rue du monde, Editions Thierry Magnier, Editions Etre, Editions Ruy-Vidal... Quelques titres d'albums : Le Roi des Trois Orients (François Place, Editions Rue du monde), Reviens grand-mère (Sue Limb, Claudio Manoz, éditions Mijade), Le jeune loup qui n'avait pas de nom (Jean-Claude Mourlevat, Jean-Luc Bénazet, éditions Milan), Un bleu si bleu (Jean-François Dumont, éditions Père Castor Flammarion), Un mouchoir de ciel bleu (Jo Hoestlandt, Nathalie Novi, éditions Thierry Magnier), Le petit être (Jeanne Benameur, Nathalie Novi, éditions Thierry Magnier), Vivre sans moi, je ne peux pas (Gerda Dendooen, Wally de Doncker, éditions Etre). Bien sûr, on pourrait en citer beaucoup d'autres